Le son en gare ? Un sujet qui suscite beaucoup de questions de votre part… Mais aussi beaucoup de réclamations : « Pourquoi j’entends rien ? Pourquoi c’est inaudible ? »
C’est une vraie complexité de sonoriser des zones extérieures et de couvrir les bruits ambiants tout en transmettant des messages audibles.
Dans ce billet, je vais donc retranscrire l’échange que j’ai eu avec Vincent, ingénieur sonorisation dans les milieux industriels, et j’espère que nous répondrons à vos interrogations.
Bonjour Vincent ! J’aimerais aborder avec toi un sujet que les voyageurs mentionnent régulièrement sur le blog et qui représente un réel enjeu : l’acoustique dans nos gares ! Mais, avant que tu nous parles de la technique, pourrais-tu te présenter ?
Bonjour à tous ! Je m’appelle Vincent, je travaille au pôle Etude et sonorisation pour la région Nord de Paris et j’ai un Master d’acoustique des transports et de l’environnement. Cette formation correspond parfaitement à mon métier, qui est l’élaboration de dossiers d’étude sur la sonorisation des gares ainsi que sur tout le système permettant de « transporter » la voix de l’annonceur aux différents haut-parleurs sur les quais. Mais, avant ça, j’ai aussi eu une expérience en tant qu’opérateur du son chez Radio France.
Donc oui, je bosse dans le son depuis un certain temps. Le son, dans sa définition la plus simple, est une chose compréhensible, harmonieuse et agréable à l’oreille. Il est à différencier du bruit qui représente l’inverse : c’est désagréable, subi et dissonant. Comment catégoriser ce que l’on entend est avant tout lié à la perception de chacun : on peut prendre l’exemple de la musique : le métal est un son mélodieux pour certains et pas pour d’autres.
Dans les gares, cette définition s’applique également. Je travaille pour que ce qui sort des haut-parleurs soit plus proche du son que du bruit. Or nous sommes dans un environnement pollué par des sons de sources différentes, de bruits routiers, de bruits d’avion et autres et là est toute la complexité.
Tu es un peu le « psychologue » du son, finalement.. Mais quels sont réellement tes outils ?
Pour opérer sur le son, nous avons d’abord besoin d’un bon sonomètre et d’un logiciel de modélisation du son. Un prérequis pour analyser le son et l’améliorer réside dans le fait de savoir quelles sont les sources diffusant du son. Dans nos gares, nous avons le jingle, la voix de l’opérateur en local, le message enregistré et l’annonce venant d’un autre poste de sonorisation. Toutes ces sources ont des niveaux sonores différents, dans des fréquences différentes et nous pouvons donc intervenir à plusieurs endroits : le pupitre de l’agent en local ou la sortie du transformateur en gare alimentant les haut-parleurs, notamment.
Mais l’essentiel pour vous, c’est ce que vous entendez. A Franconville, nous avons remarqué qu’il subsistait des zones « vides » de son, ou plutôt des zones où le son n’est pas entre 55 et 60 décibels. Lors de notre passage là-bas, nous avons donc cartographié la gare avec les emplacements des haut-parleurs, pris les mesures acoustiques et modélisé l’état du son. Puis, nous avons étudié une nouvelle implantation, une nouvelle orientation des haut-parleurs, et l’ajout ou le déplacement de certains pour avoir une homogénéité dans l’acoustique de la gare.
De plus, il fallait tenir compte de deux critères handicapants pour nos réglages : d’une part, le son d’une gare ne doit pas gêner plus qu’il ne se doit les riverains habitant à proximité. D’autre part, il faut prendre en compte les sources de bruits extérieurs qui peuvent couvrir le son de nos haut-parleurs, comme je l’évoquais précédemment.
L’idéale pour un acousticien serait qu’il n’y ait pas de parasites pour que le son soit parfaitement audible de tous.
Donc si tu as réfléchi à un nouveau modèle, on va pouvoir améliorer tout ça dans les meilleurs délais ?
Oui et non ! Je fais l’étude, ce qui prend du temps car la prise de son pour la modélisation doit se faire plusieurs fois : que ce soit de jour, à différents moments de la journée, mais aussi de nuit où les bruits sont moins présents… et donc la propagation de nos annonces plus forte. (Nous avons un mode jour/nuit qui est également paramétrable car, pour certains, la nuit commence à 23h et, pour d’autres, dès 21h.)
Ensuite, on en arrive à la conclusion de l’étude : comment améliorer le modèle existant ? On peut augmenter le nombre de haut-parleurs mais, plus on en met, plus le son est fort et donc gênera les riverains (entre autres), ré-agencer leur positionnement et/ou ajouter de nouvelles sources. Dans tous les cas, ça annonce, pour le client, des travaux dans sa gare.
Et notamment des travaux en hauteur, avec la caténaire et l’obligation de couper le courant… Mais pour rassurer nos lecteurs quand même, la plupart du temps, ces travaux sont programmés de nuit. Après pour le riverain, c’est un peu de bruit à accepter…
Oui, ce ne sont pas forcément des travaux « lourds » pour le client. Et puis, de l’étude que nous avons faite à Franconville, découle le fait que l’on pourrait même mettre en place des expérimentations. Elles pourraient prendre la forme d’un nouveau système avec des potelets et des plaques vibrantes propageant le son. Elles permettraient aussi d’intégrer, dans nos études, les nouvelles technologies, les nouvelles façons de faire du son ainsi que toutes les contraintes d’implantation en gare.
Après avoir bien potassé la situation d’une gare, nous proposons une solution au gestionnaire des gares d’Ile-de-France qui, lui, va étudier le coût en termes d’infrastructure et de moyens humains et financiers, puis qui va commander le ou les prestataire(s) pour la réalisation des travaux. Après cette phase-là, il y a la réception de l’installation et les tests et réglages avant une mise en service optimale.
Au final, comment vois-tu les évolutions à venir dans la sonorisation sur notre ligne, à court et moyen terme ?
Il faut être conscient d’une chose : nous ne pouvons pas traiter toutes les gares en une année. Cette année, nous avons travaillé sur Franconville, comme je vous l’ai expliqué.
Pour les autres gares, je prends note des ressentis de tes voyageurs et je regarderai les possibilités pour mes équipes d’aller identifier les problèmes sur ces gares que tu cites, Taverny notamment.
Merci à Vincent d’avoir bien voulu lever le voile sur son travail chez nous, et d’avoir tenu compte des ressentis des clients et des riverains. Si vous avez des précisions à lui demander, ou des observations sur votre propre gare qui pourraient contribuer aux études en cours, déposez les en commentaires de ce billet !
Je vous laisse maintenant réagir et prendre la parole sur ce vaste sujet qu’est le son dans nos gares.
Donc un ETP par gare pour les etudes, plus les techniciens pour installer, plus les HP (dont je serai curieux de voir l’appel d’offre et son analyse, je rappelle qu’on y est autorisé, loi cada)
Cela fait cher pour un résultat mitigé et un équipement sous exploité, notamment lors des crises.
Alors qu’on demande parfois juste le renouvellement d’un équipement datant de 30 ans pour esperer entendre le peu de message ayant une communication utile.
Un post encore pour faire de la com. On aurait aimé savoir le plan d’action sur la sonorisation. Quelle gare, quand, et pour quel résultat.
Une entreprise comme la sncf devrait bien avoir un plan pluriannuel d’investissement, et de maintenance, non?
Cédric, je sais que ce message n’aura pas de réponse et ne sera pas entendu, mais on a l’habitude
Bonjour Cedric,
Une fois de plus je viens de rentrer par le dernier bus (debout) à défaut de train, sortant du travail tard un vendredi il s’agit de la seule solution: train Epinay puis bus Emont et re-bus Persan.
Malgé une programation prévoyant des trains jusqu’à 0h30 les soirs de semaine, avec changement à Saint leu la Forêt, ce qui reste acceptable quand le principe fonctionne, la réalité est toute autre : on doit composer avec les travaux réduisant les horaires systématiquement, reconduits de mois en mois et ce depuis trois ans.
Si c’est à la SNCF de nous faire préférer le train le problème reste entier : comment rentrer chez soi passé une certaine heure ? particulièrement le weekend ? Et on ne parle même pas d’horaires de nuit, juste d’une certaine marge de maneuvre passé 23h …
Il devient urgent de standardiser ces trajets qui sont pour tous (ça flippe à bord des bus) particulièrement angoissants, garantir les retours, et encadrer les passagers pour qu’ils ne soient pas juste pris entre agents de sécurité « rien à péter » et conducteurs « service minimum » …
Les contractuels à Ermont qui ne sont même pas foutus d’orienter c’est une chose, les chauffeurs « cars roses » qui envoient carrément chier ça en est une autre. A défaut d’officialiser une situation établie, il serait temps qu’on puisse faire ces trajets « tardifs » (11h30 je me gausse) sans trembler des genoux. Et encore, un chauffeur RATP pas aimable rentre dans le rail assez rapidement, mais ces sous-traitants du soirs font régulièrement comprendre aux passagers qu’ils rendent service et c’est inacceptable, soit ils le rendent (le service), soit ils restent chez eux, ça n’est pas au client de payer à leur place.
Je vous avoue que je suis lassé de ces fins de semaine marathon, ayant pratiqué la plupart des transports Européens et d’Amérique du nord je n’ai jamais vu ça : le soir on peut rentrer chez soi ! En région Parisienne, rien n’est moins certain …
Pour l’acoustique rien à signaler, elle est excellente, étant donné qu’il n’y a plus la moindre annonce après 20h :/
Bonjour Cédric,
Pourriez-vous vous expliquer sur la raison pour laquelle le train FOGI de 16h15 et le PERA de 16h23 ont été retardés de 5 à 7 minutes afin de laisser passer un train de locomotive au départ de la voie 36 ; ce qui est contraire aux règles de priorité ferroviaire (Une mission « Haut le pied » n’a pas la priorité par rapport à une mission transportant des voyageurs, dixit l’UIC)?
Je vous remercie d’avance pour votre réponse.
Cordialement,
Bonjour Baro,
Les trains de 16h15 et 16h23 de la journée du 05 octobre ont subi un retard de 3 minutes pour le premier et 8 minutes pour le second, conséquence du retard d’un train précèdent à l’arrivée en gare du Nord; le conducteur étant celui qui reprenait la conduite de ces deux trains. Les informations que j’ai obtenues ne font pas mention d’une locomotive stationnée sur le quai 36 en gare du Nord. Je poserais la question, côté Direction, pour comprendre l’information que vous avez eue par votre informateur.
Bonne journée
Merci pour votre retour. Concernant la présence en voie 36 d’une locomotive dont le départ a occasionné une gêne de circulation pour le train FOGI, cela relève d’un constat visuel de ma part. J’ai effectivement vu partir une doublette de locomotives BB17000 de la voie 36 vers 16h15, heure à laquelle le train FOGI, dans lequel je me trouvais, aurait dû partir ; ce train étant à ce moment-là bloqué à quai par un signal fermé. Je ne comprends pas que vos collègues de la production ne soient pas au courant de cette manœuvre et du fait qu’elle a retardé deux trains remplis de voyageurs. Quant à l’explication concernant un retard du conducteur, je ne suis pas convaincu : lorsque je suis monté dans le train vers 16h10, le conducteur était déjà présent en cabine.
Bon d’accord : ce n’est pas pour demain la veille vu la lourdeur du process et à raison d’une gare étudiée par an ! (et oui, je suis de retour de congés !).
Mais au moins des anomalies ont été détectées, contrairement à ce que soutenait mordicus le précédent CM pour lequel les normes applicables étaient appliquées et que circulez ya rien à voir (ni à entendre, en l’occurence).
bonjour,
je voulais réagir à ce problème de son en gare du nord : je comprends le souci des usagers mais j estime que les riverains sont trop souvent oubliés voire jamais considérés. Je vis dans un des immeubles au desssus des voies et il nous est impossible de vivre les fenêtres ouvertes non pas à cause du passage des trains mais bien à cause des annonces sur les quais au volume et à la récurrence bien trop élevés et à des heures parfois indues. Je ne rêve que d’une gare silencieuse sur un modèle nordique où tous les passagers iraient chercher l’info dont ils ont besoin sur des panneaux d affichage ou sur leur smartphones…
Bonjour Haennel,
Il est vrai que je ne peux pas mesurer toute la nuisance sonore causée par une gare telle que Gare du Nord, en particulier la nuit du fait de son volume et du trafic. Mais je peux toutefois imaginer qu’il est difficile, pour un riverain résidant proche d’une gare où il y a beaucoup de circulations (TGV, TER, Intercité, Transilien…), de subir ces nuisances juste au-dessous de vos fenêtres. Je comprends également que les annonces travaux, circulations et de sécurité, qui sont réglementaires, ne doivent pas faciliter vos nuits lorsque vos fenêtres sont ouvertes. J’ai pu échanger avec mes collègues et le responsable de la gare du Nord qui m’ont indiqué que les annonces qui sont diffusées sont incontournables. Les messages d’information de départ et d’arrivée des trains ainsi que les annonces de sécurité sont réglementées pour informer les nombreux voyageurs présents en gare. De plus, il y a des annonces inopinées, qui sont essentielles pour organiser la vie de la gare, 24h/24. Néanmoins, même si nous limitons ces annonces, il est difficile pour nous de répondre à votre souhait. Nous pouvons imaginer une modification du volume sonore des annonces et plus particulièrement la nuit. Je n’ai pas encore l’information sur sa réalisation mais sachez que votre commentaire a été entendu par l’ensemble des acteurs de l’information voyageur de la gare du Nord.
Bonne journée.
La Gare de Presles-Courcelles est également dans ce cas : sonnorisation nulle… On entend rien de rien même en étant quasiment sous le haut parleur.
Par ailleurs, pas de haut parleur dans le sens (persan-paris) ?????
ou alors seulement en bout et fin de quai…. ce qui est inaudible !
Merci pour votre réponse.
Bonjour Maryline,
Je fais suivre votre message pour que les techniciens en charge du son dans les gares passent identifier la qualité sonore de la gare et intervenir le cas échéant.
Bonne journée.