Ce phénomène est quotidien et entraîne de nombreuses perturbations sur votre ligne. Vous êtes nombreux à nous interroger à ce sujet, nous avons donc décidé de partir à la rencontre de Damien et Pascal, les décideurs en cas de perturbation.
Depuis quelques temps, rares sont les semaines où nous n’avons pas d’intrusion dans les voies de la ligne H. Vous êtes nombreux à vous interroger sur ce phénomène, notamment sur twitter, et à nous demander pourquoi la circulation est interrompue. Nous avons décidé d’aller directement au Centre Opérationnel Transilien des lignes H&K, pour demander à Damien, le dirigeant des gestionnaires du plan de transport et de l’information, et Pascal, le directeur territorial des opérations, de nous éclairer sur la gestion de ce type d’incident.
Bonjour Damien, pourrais-tu te présenter et nous expliquer ce que tu fais au COT (Centre Opérationnel Transilien) et quel est son rôle lorsqu’il y a des personnes dans les voies ?
Je suis Damien, je dirige une équipe de 15 personnes dont 7 cadres opérationnels, sur un total de 65 agents au centre opérationnel. Nous y suivons les trains 24h/24 et 7j/7. On y décide les modifications du plan de transport. Enfin, nous informons les voyageurs en temps réel sur les circulations des trains.
Le Centre Opérationnel Transilien est une sorte de tour de contrôle qui assure une veille active sur l’ensemble des circulations et adapte chaque jour, heure après heure, les décisions si nécessaires. Il intervient au moindre dysfonctionnement afin de rétablir au plus vite un trafic normal. Il se doit de prendre en charge et d’informer les voyageurs lors des situations perturbées. Si la situation le nécessite, nous décidons de modifier la desserte d’un train (ajout ou suppression d’arrêts) ou de le supprimer.
Lors de certaines situations, nous sommes amenés à mettre en place des bus de substitution afin d’assurer la prise en charge des voyageurs.
Lors d’un incident tel que la présence de personnes dans les voies, nous travaillons en étroite collaboration avec le Centre Opérationnel de Gestion des Circulations (COGC) qui se trouve avec nous au sein de la salle opérationnelle. Ils nous informent de la « capacité allouée », c’est-à-dire du nombre de trains pouvant circuler au regard de l’incident, et donc des voies sur lesquelles peuvent circuler les trains. En fonction de cela, nous mettons en place le plan de transport le plus efficace en fonction de la capacité que nous pouvons utiliser, mais aussi des ressources dont nous disposons, notamment l’endroit où se trouvent les trains.
Merci Damien pour tes précisions, nous allons laisser la parole à Pascal, qui est le DTO (Directeur Territorial des Opérations).
Bonjour Pascal, peux-tu te présenter ?
Je suis un peu le chef d’orchestre de la gestion de crise, je suis en charge, aidé par mes collaborateurs bien sûr, de gérer les crises et de prendre les décisions nécessaires lors d’incidents.
Je n’interviens qu’à partir du moment où la crise commence à prendre un aspect critique, donc des conséquences importantes. C’est à ce moment précis que la salle de crise territoriale est activée.
Peux-tu nous expliquer comment vous êtes au courant lorsque des personnes se sont introduites dans les voies ?
À 95% du temps, ce sont les conducteurs qui nous signalent la présence de personnes dans les voies, mais ça peut aussi être des agents en gare, ou bien la police.
Quelle est la première action à mettre en place ?
Nous allons immédiatement identifier de quel cas il s’agit :
- une entrave : blocage ou gène volontaire.
- une irruption en zone dangereuse : c’est la zone dans laquelle l’individu peut être heurté par une circulation (train, évolution, manœuvre) ou être mis en danger par l’effet de souffle provoqué par le passage d’un train. Cette zone peut comprendre une ou plusieurs voies.
- non dangereuse : c’est la zone dans laquelle un agent peut aller dans les voies sans risque d’être mis en danger.
En fonction de cela, on établit un diagnostic de la situation pour ensuite appliquer les mesures adaptées : soit la circulation est restreinte, donc ralentie, soit elle est totalement interrompue.
Pourquoi doit-on arrêter la circulation des trains sur plusieurs voies en même temps ?
Tout d’abord pour éviter, bien sûr, l’accident de personne. Puis ensuite pour permettre à la SUGE (sûreté SNCF) ou à la police d’intervenir.
Comment les autres conducteurs de la ligne sont-ils au courant de cette interruption ?
Certains conducteurs aperçoivent eux-mêmes les personnes dans les voies. Et surtout le conducteur qui constate en premier le danger déclenche une « alerte radio » : tous les conducteurs se trouvant dans le secteur de l’incident reçoivent une alerte à la radio, une sorte d’alarme qui les oblige à interrompre immédiatement la circulation de leur train.
Une fois les personnes sorties des voies, pourquoi la circulation ne reprend-elle pas plus rapidement ?
Seulement quand on a l’assurance que les personnes ne sont plus dans les voies, alors la circulation peut reprendre « en marche à vue », c’est à dire ralentie. Il s’agit d’une réglementation, nous avons des règles à suivre et à respecter. La sécurité est notre priorité.
Merci beaucoup Damien et Pascal pour votre temps et vos réponses qui, nous l’espérons, éclairera nos voyageurs sur les procédures mises en place lors de ce type d’incidents.
Ce type d’incident fait beaucoup réagir, que ce soit sur le blog ou sur notre fil Twitter . J’espère que cet article a pu vous expliquer les démarches entreprises par nos équipes et les impacts que cela peut provoquer sur votre trajet. N’hésitez pas à me faire vos retours de cet article dans l’espace commentaire ⬇
Bonjour,
pour réagir aux évènements produits lundi matin à ce sujet (cela ne concernait pas la H mais la B et la D entre Gare du Nord et Châtelet) où des centaines de personnes (dont forcément certaines vulnérables) sont restées bloquées quasi 1h dans le tunnel dans des trains bondés et suffoquants, la question est la suivante : Combien de vies mises en danger pour épargner celles de deux ou trois ahuris qui ont pleinement conscience de ce qu’ils font ? Surtout aux abords de Gare du Nord où l’on peut difficilement confondre les voies avec des chemins pédestres de campagne … Il serait peut-être temps de revoir tous ces protocoles inadaptés, au moins de faire rouler les trains au pas jusqu’à la gare suivante afin de libérer les voyageurs …
Bonjour Fanny,
J’ai constaté récemment que les écrans Infogare présents sur les quais des RER B et D à la Gare du Nord affichent, en plus des horaires et des gares desservies, la localisation sur la ligne des deux prochains trains annoncés. Y aurait-il moyen de déployer cette information également sur les écrans des gares de la ligne H ?
Et concernant la Gare du Nord : pourquoi les écrans InfoGare dédiés aux lignes H et K (Sur la mezzanine et sur la plate-forme dédiée aux lignes H et K) présentent toujours l’ancien affichage bleu et n’ont-ils toujours pas reçu le nouvel affichage noir et blanc conforme à la charte signalétique d’Île de France Mobilités ? A quand une mise à jour ?
Je vous remercie d’avance pour votre réponse,
Cordialement,
Bonjour Baro,
Une nouvelle interface a effectivement été testée sur les lignes B et D, ce qui explique que vous l’ayez vu en gare souterraine. Cette phase d’expérimentation se termine, il est prévu de déployer progressivement ces nouvelles fonctionnalités sur les autres lignes Transilien (dont évidemment la H). Nous n’avons pas encore de date arrêtée, il y a un gros travail à faire pour adapter le logiciel aux spécificités de chaque gare et chaque ligne.
En ce qui concerne les écrans situés sur les mezzanines et plateformes de Gare du Nord, la technologie mise en œuvre diffère des écrans situés dans les autres gares de la ligne. Il s’agit d’une technologie propre aux grandes gares et utilisée indifféremment pour les trains grandes lignes, TER et banlieue. Là aussi un renouvellement est prévu sans que je ne puisse vous communiquer de date précise.
Bonne journée.
Bonjour Fanny,
En ce jour de canicule, j’ai vu que la SNCF affichait des messages de prévention dans les gares, sur le site Transilien et sur les blogs de lignes pour nous inciter à nous hydrater ; c’est une bonne idée, mais ce serait encore mieux de faire comme la RATP, qui a distribué des bouteilles d’eau aux usagers dans plusieurs stations de métro. Sur la ligne H, non-seulement les bâtiments voyageurs des gares, où on trouve généralement un distributeur de boissons fraîches, ou une boutique qui vend des boissons (comme par exemple à Ermont-Eaubonne) ne sont pas toujours ouverts, notamment le week-end, mais de plus il n’y a pas, comme à Paris, de fontaines publiques dans les communes desservies (A Paris, on en trouve partout dans la ville, et elles sont mêmes depuis le mois dernier référencées sur la carte interactive du site internet de la RATP), donc une initiative de ce type serait vraiment la bienvenue en cas de canicule, en vous en remerciant d’avance.
Cordialement,
Bonjour Baro,
Nous prévoyons des distributions de bouteilles d’eau lors d’incidents importants. En dehors de ces évènements, les voyageurs doivent pouvoir faire face à leurs besoins en eau et sont donc invités à prévoir de quoi s’hydrater. Nos campagnes de rappel sur les écrans et réseaux sociaux sont avant tout des messages de bon sens.