Veiller à l'entretien des espaces verts, tout en protégeant la biodiversité. Mais aussi réinsérer des personnes éloignées de l'emploi. Telles sont les missions des associations Plaine de Vie et AGOIE dans onze gares de la ligne.
Ces chantiers d’insertion permettent ainsi à des salariés, tous issus du Val d’Oise, d’apprendre un nouveau métier, tout en se mettant au service des voyageurs, des riverains et bien sûr, de la nature !
Rencontre avec Hélène et ses équipes, en gare d’Epinay – Villetaneuse, lors d’une belle journée de fin d’été.
Présentation
Bonjour Hélène. Pourriez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Hélène et je suis coordinatrice des chantiers espaces verts pour l’association Plaine de Vie. J’organise la relation avec les clients, de la toute première rencontre jusqu’à la facturation, les suivis chantiers etc.
Je suis également formatrice en prévention des risques, afin que nos salariés soient sensibilisés à la prévention des troubles musculo-squelettiques, sur tout ce qui est positionnement du corps lorsqu’ils travaillent.
On fait aussi des formations sur la sécurité autour des camions. Parce que on a une flotte de 7 à 8 véhicules, il faut aussi qu’ils apprennent à se positionner par rapport à un véhicule donc on les met tous au volant.
Ils prennent connaissance des angles morts parce que la plupart n’ont pas le permis donc ne connaissent pas tout ça. C’est tout un accompagnement pour qu’ensuite le travail se passe bien, en toute sécurité.
Quelle est l’activité prévue aujourd’hui ?
Aujourd’hui c’est grosse opération de désherbage parce que forcément, avec toute la pluie qu’on a eu là, les adventices (les « mauvaises herbes ») se sont bien éclatées donc elles sont bien présentes. On désherbe. On essaye de faire réapparaître les végétaux qu’on a planté et on les met en valeur avec des broyats de bois forestier. Ils ont une couleur claire donc ça met en valeur les massifs.
Chaque saison a ses spécificités. En été on fait beaucoup de désherbage. Mais plus tard il va falloir tailler pour redonner une forme aux végétaux qui ont beaucoup poussé. Et tout donc ça se sera fait à l’automne, lorsque les plantes ralentissent leur rythme, pour respecter le cycle des végétaux.
Est-ce qu’il y a des contraintes dans le choix des plantes ?
Regardez ici, on a mis en place des perovskia, c’est violet et c’est hyper mellifère. C’est à dire que les abeilles adorent venir les butiner pour produire du miel.
C’est une volonté quand on fait une installation : toujours penser à ce que ça soit nourrissant pour les insectes pollinisateurs. On a toujours cette idée d’être utiles pour la biodiversité.
On a aussi évité tout ce qui est allergisant, parce qu’on est en ville et qu’avec les pollens on a déjà des problèmes donc on évite d’en rajouter avec des espèces connues pour provoquer des allergies. On va donc éviter tout ça, tout en s’assurant d’avoir de belles couleurs et du volume.
On essaye également d’avoir une pérennité dans le temps. On sait qu’il y a des plantes qui sont vraiment résistantes : les sauges, les perovskia c’est un peu les yeux fermés ! On a fait d’autres tentatives, souvent ça prend, parfois non. On apprend d’une année sur l’autre.
Et en terme de gestion de l’eau, comment comment vous faites ?
Alors on a aucun accès à l’eau. Le deal avec la SNCF c’était ça. C’est qu’il fallait des plantes qui soient vraiment autonomes. Celles-ci ont été plantées au printemps, elles ont eu le temps de bien s’enraciner. Même si on avait eu une canicule au mois d’aout ou septembre, elles auraient résisté.
Les salariés de « Plaine de Vie »
C’est quoi le profil type de vos salariés ?
On n’a pas de profil type. On a des gens de 18 ans à 65 ans. On a des hommes. On a des femmes. On a des personnes qui viennent de la rue. On a des personnes qui ont fait de la prison ou pas. Voilà, on a toutes les histoires de vie !
Il y en a qui ont simplement un problème de diplôme, et du coup pas d’accès à des emplois pérennes. Donc vraiment, on a tous les types de profils !
Nos seuls critères de recrutement : que la personne soit au RSA et vive dans un quartier prioritaire du Val d’Oise.
Donc c’est quand même ouvert à beaucoup de monde ?
On aime bien quand il y a de la mixité, que les gens viennent de plusieurs endroits, plusieurs villes et parce que ça évite de reproduire le quartier dans la structure.
Je dis toujours : à plaine de vie, on devient qui on veut devenir.
Dans le quartier ou chez soi dans sa famille, on est un peu dans un rôle. Et en fait, ici, on leur ouvre un champ des possibles.
Si on reproduit le quartier, ils reprennent les hiérarchies qu’il y a dans le quartier. Alors que quand il n’y a pas d’œil qu’ils connaissent, ils peuvent se permettre d’être eux-mêmes. D’être gagnant s’ils ont envie de l’être. Donc pour nous c’est important de ne pas avoir le copain du copain, la sœur, le frère… Parce qu’on veut vraiment que chacun puisse s’épanouir à hauteur de ce qu’il est capable.
Trouver sa place dans la société
Vous accueillez combien de personnes ?
Là on est monté jusqu’à 36 salariés en insertion et 12 permanents pour les encadrer. En gros avec les entrées et sorties permanentes qu’on a dans l’année, on est à peu près sur une moyenne de 50 salariés.
Comment se passe la suite pour les salariés en réinsertion ?
En général, ils sont là pour deux ans maximum. La moyenne, c’est un an et demi. Ensuite, le but c’est qu’ils volent de leur propres ailes. On est entre 60 et 80% de sorties positives : soit vers de la formation complémentaire, soit vers de l’emploi.
On travaille d’ailleurs avec une entreprise partenaire. Ça fait bien 10 ans. Chaque année, ils nous prennent des salariés.
Ils nous disent : nous, on vous prend les salariés que vous nous proposez les yeux fermés, parce qu’on sait qu’ils sont formés correctement.
Ils nous disent qu’en terme de technicité, en termes de compétences, ils sont tout à fait aptes à travailler donc c’est plutôt agréable à entendre ! C’est vraiment du gagnant-gagnant.
Rencontre avec Brice, salarié en réinsertion
Qu’est-ce que vous a amené à travailler ici ?
Je suis en reconversion. Avant je bossais en tant que cuisinier en collectivité, donc c’est vraiment un changement radical. C’était pas évident en maison de retraite, il y a beaucoup de contraintes. Ça tourne souvent. Les horaires c’est pas les mêmes, c’est jamais des horaires fixes, donc j’ai choisi la reconversion.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus ici, à Plaine de Vie ?
L’ambiance !
Quoi de prévu pour la suite ?
On va postuler, ou voir même ouvrir sa propre boîte ! On va voir.
Merci Brice !
👏 Un grand merci à vous : Hélène, Brice et toute votre équipe ! J’ai adoré découvrir votre travail. Ce que font les associations Plaine de Vie et AGOIE est précieux, pour les humains comme pour l’environnement. Et ça n’est pas si courant d’allier les deux d’une manière aussi efficace !
Crédits photos : Valentin, Adobe Stock
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