Parce qu'en tant que femme, se sentir en insécurité dans les transports ne devrait jamais être une fatalité, des groupes de travail avec des voyageuses sont menés pour améliorer l'expérience de voyage. Reportage à Ermont-Eaubonne.
Je vous emmène avec moi découvrir la première marche exploratoire menée sur notre ligne. Qu’est-ce que c’est ? A quoi ça sert ? Réponses en immersion avec les « marcheuses » ⬇️
Une approche innovante pour des déplacements plus sereins
Se sentir en insécurité n’est pas une fatalité
Vous avez peut-être vous aussi déjà expérimenté un sentiment d’insécurité dans une gare mal éclairée, un passage souterrain isolé ou un quai de train désert en soirée ? Selon une étude de l’INSEE, 51% des femmes* déclarent un sentiment d’insécurité dans les transports. Ces ressentis, peuvent constituer un frein majeur à la mobilité, incitant certaines à rentrer plus tôt ou prendre un mode de transport individuel, plus coûteux et moins bon pour la planète.
Face à ce constat, un dispositif innovant s’est développé : la marche exploratoire. Cette démarche participative est portée par Transilien avec l’appui du LAB SNCF Impact, un service du Groupe SNCF dédié à l’amélioration sociétale et environnementale de notre entreprise. Ainsi, cette marche s’inscrit dans notre politique de lutte active contre les violences sexistes et sexuelles dans les transports en commun.

Expérimentation à Ermont-Eaubonne
En gare d’Ermont-Eaubonne, principal hub du Val d’Oise, nous accueillons plus de 21 millions de voyageurs par an, ce qui en fait naturellement un lieu pertinent pour expérimenter une marche exploratoire. Ermont-Eaubonne est la quatrième gare Transilien à bénéficier de cette expérience.
Comment ça marche ?
Une marche exploratoire consiste à former un groupe de voyageurs volontaires, pour parcourir et observer avec un regard critique des espaces qu’ils fréquentent régulièrement : gares, quais, trains, correspondances et abords des stations.
Dans notre cas, l’accent a été mis sur l’expérience vécue par les femmes. C’est donc un groupe 100% féminin de voyageuses habitant dans le secteur d’Ermont-Eaubonne qui a été retenu. Le casting a été confié à un institut spécialisé, chargé de constituer un groupe de femmes issues du secteur, utilisatrices régulières des transports en commun, et représentatives de nos clientes (en terme d’âge et de catégorie socio-professionnelle notamment).
En ce qui me concerne, je reste avec les experts et les représentants de la municipalité. Impossible pour eux comme pour moi de nous mêler aux marcheuses. Le process est scientifique, et il n’est pas question de modifier les conditions d’accueil de la gare et l’expérience de déambulation des marcheuses avec un autre groupe. Leurs observations doivent se faire dans des conditions ordinaires. Même pour les photos, je garde mes distances !

Préparation en salle
Le groupe d’une dizaine de marcheuses, les représentants de la ville d’Eaubonne, d’Île-de-France Mobilités et différents spécialistes de la SNCF (relation clients, sûreté, SUGE, architecte…) sont accueillis chaleureusement par les équipes de la gare dans une salle de réunion. Les animatrices du Lab Transilien nous expliquent le sens de la démarche : s’attacher à l’expérience vécue par les marcheuses, afin d’améliorer concrètement leur sérénité transports. Et ce n’est pas parce que cette marche est dédiée au cas spécifique des femmes, que les bénéfices ne seront pas également ressentis par tous, hommes y compris.
On nous rappelle également le caractère rigoureux et scientifique de cette étude, ainsi que l’attention particulière que doivent porter les voyageuses aux moindres détails pouvant générer un sentiment d’insécurité, ou simplement de mal être. Notre directrice de ligne également présente, profite de ce moment pour remercier chaleureusement les volontaires, et saluer cette démarche portée par Transilien et les équipes des gares de la Ligne H.
Déambulation
Il fait chaud, très chaud. Même à 20h, la température frôle encore les 30 degrés. Après s’être bien hydratées, et avoir un peu grignoté, c’est parti ! Durant deux heures, les participantes, munies d’un carnet d’enquête et d’une carte du site, identifient et notent systématiquement leurs observations. Aucun coin de la gare ne leur échappe, chaque itinéraire possible d’une voyageuse ou d’un voyageur est testé.

Plusieurs thématiques guident leurs observations, allant de l’entretien à l’éclairage, en passant par la facilité à se repérer.
Il y a même un aspect olfactif qui est traité. Car oui, ça peut sembler étonnant, mais une mauvaise odeur peut participer au sentiment d’insécurité.
Débrief
Après deux heures de marche à travers les moindres recoins de la gare d’Ermont-Eaubonne, il est temps de revenir en salle pour se rafraichir et partager ses constats et propositions. Chacune prend la parole et commente ces deux heures de déambulation dans la gare.

C’est l’occasion de donner son ressenti, sans jugement. Tel passage a rappelé de mauvais souvenirs à l’une ? Telle odeur a incité une autre à faire un détour ? Chaque réflexion est utile, il n’y a pas de mauvaise observation.
On ajoute des photos afin d’illustrer certains propos. Le ressenti est aussi important que le « factuel » car c’est la manière dont les choses sont vécues qui importe.
Et après la marche, que se passe-t-il concrètement ?
Une fois la marche terminée, ce n’est pas fini, bien au contraire ! Toutes les observations de nos marcheuses sont précieusement recueillies par les équipes du Lab Transilien. Les spécialistes des gares (maintenance, sûreté, exploitation) se réunissent ensuite pour étudier ce qui peut être mis en place.
Ensemble, ils créent un véritable plan d’action avec des priorités claires : ce qu’on peut faire tout de suite, ce qui prendra quelques mois, et les projets plus importants pour l’avenir. Chaque proposition est accompagnée d’un calendrier, d’une estimation du coût et de l’équipe en charge de sa mise en œuvre.
Dans les autres gares d’Île-de-France où des marches exploratoires ont été menées, des actions telles qu’une amélioration de l’éclairage, un aménagement des présences d’agents commerciaux ou de sécurité, ou encore un nettoyage approfondi de certaines zones ont permis de résoudre des points sensibles identifiés par les marcheuses.
À une époque où le sentiment d’insécurité peut décourager certaines personnes, particulièrement les femmes, d’utiliser les transports en commun, ces démarches participatives apportent une solution qui a du sens. C’est une façon simple et efficace de rendre les transports vraiment inclusifs et adaptés aux besoins de chacun.
J’en profite pour vous rappeler que si vous êtes victime ou témoin d’une situation représentant un danger, vous avez ces différents moyens d’alerter à votre disposition :
👉 L’appel au 3117 vous met en relation, 24h/24 et 7j/7 avec un opérateur qui sera en mesure de retransmettre votre appel d’urgence aux forces de l’ordres les plus proches du lieu où vous vous trouvez : police, gendarmerie, sûreté ferroviaire SNCF ou RATP, mais aussi pompiers/SAMU en cas de malaise ou blessure.
👉 Le sms au 31177 permet le même traitement, même si vous ne pouvez pas parler (handicap, peur d’être repéré par un agresseur…).
👉 Utiliser le signal d’alarme du train afin d’être mis en relation avec le conducteur et lui faire part de l’évènement en cours nécessitant l’arrêt du train et l’intervention des secours (à ne tirer qu’en cas de situation d’urgence avérée car l’utilisation du signal d’alarme peut entrainer des retards en cascade sur plusieurs trains).
👉 Déclencher un appel depuis une borne d’urgence sur le quai afin de communiquer par interphone avec un opérateur, dans les mêmes conditions que le 3117.
*source : enquête « cadre de vie et sécurité » 2010-2013 INSEE-ONDRP
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